Le marquis de la Maisonfort était un de ces émigrés français qui avaient suivi la cour sur la terre étrangère, et qui avaient ébloui, pendant dix ans, l’Europe de leur insouciance et de leur esprit. Il avait été l’ami de Rivarol, de Champcenetz, et de tous ces jeunes et brillants écrivains des Actes des Apôtres, satire ménippée de 89, journal à peu près semblable au Chariravi d’aujourd’hui, dans lequel ils décochaient à la révolution des flèches légères, pendant qu’elle combattait le trône avec la sape, et bientôt avec la hache.
Après le retour des Bourbons en 1814, le marquis de la Maisonfort avait été nommé, par Louis XVIII, ministre plénipotentiaire à Florence. En 1825, je fus nommé secrétaire de légation dans la même cour. Le marquis de la Maisonfort était poëte : il m’accueillit comme un père, et m’ouvrit plus de portefeuilles de vers que de portefeuilles de dépêches. Il vivait nonchalamment et voluptueusement dans ce doux exil des bords de l’Arno. C’était le plus naïf et le plus piquant mélange de philosophie voltai-