Pour mes fiers ennemis ce deuil est une fête ;
Ils se montrent, Seigneur, ton Christ humilié.
« Le voilà, disent-ils ; ses dieux l’ont oublié ;
Et Moloch en passant a secoué la tête,
Et souri de pitié. »
Seigneur, tendez votre arc ; levez-vous, jugez-moi !
Remplissez mon carquois de vos flèches brûlantes,
Que des hauteurs du ciel vos foudres dévorantes
Portent sur eux la mort qu’ils appelaient sur moi !
Dieu se lève, il s’élance ; il abaisse la voûte
De ces cieux éternels ébranlés sous ses pas ;
Le soleil et la foudre ont éclairé sa route ;
Ses anges devant lui font voler le trépas.
Le feu de son courroux fait monter la fumée,
Son éclat a fendu les nuages des cieux ;
La terre est consumée
D’un regard de ses yeux.
Il parle ; sa voix foudroyante
A fait chanceler d’épouvante
Les cèdres du Liban, les rochers des déserts ;
Le Jourdain montre à nu sa source reculée ;
De la terre ébranlée
Les os sont découverts.