Temple auguste où ma mère, aux jours de ma naissance,
D’une tremblante main me consacrant aux dieux,
Au culte de Vénus dévoua mon enfance ;
Et toi, forêt sacrée, où les filles du ciel,
Entourant mon berceau, m’ont nourri de leur miel,
Adieu ! Leurs vains présents que le vulgaire envie,
Ni les traits de l’Amour, ni les coups du destin,
Misérable Sapho, n’ont pu sauver ta vie !
Tu vécus dans les pleurs, et tu meurs au matin !
Ainsi tombe une fleur avant le temps fanée ;
Ainsi, cruel Amour, sous le couteau mortel,
Une jeune victime à ton temple amenée,
Qu’à ton culte en naissant le pâtre a destinée,
Vient tomber avant l’âge au pied de ton autel.
Et vous qui reverrez le cruel que j’adore
Quand l’ombre du trépas aura couvert mes yeux,
Compagnes de Sapho, portez-lui ces adieux :
Dites-lui… qu’en mourant je le nommais encore !…
Elle dit. Et le soir, quittant le bord des flots,
Vous revîntes sans elle, ô vierges de Lesbos !