Ô mon âme ! de quels rivages
Viendra ce souffle inattendu ?
Sera-ce un enfant des orages,
Un soupir à peine entendu ?
Viendra-t-il, comme un doux zéphyre,
Mollement caresser ma lyre,
Ainsi qu’il caresse une fleur ?
Ou sous ses ailes frémissantes
Briser ces cordes gémissantes
Du cri perçant de la douleur ?
Viens du couchant ou de l’aurore,
Doux ou terrible, au gré du sort ;
Le sein généreux qui t’implore
Brave la souffrance ou la mort.
Aux cœurs altérés d’harmonie,
Qu’importe le prix du génie ?
Si c’est la mort, il faut mourir !…
On dit que la bouche d’Orphée,
Par les flots de l’Hèbre étouffée,
Rendit un immortel soupir.
Mais, soit qu’un mortel vive ou meure,
Toujours rebelle à nos souhaits,
L’Esprit ne souffle qu’à son heure,
Et ne se repose jamais…
Préparons-lui des lèvres pures,
Un œil chaste, un front sans souillures,
Comme, aux approches du saint lieu,
Des enfants, des vierges voilées,
Jonchent de roses effeuillées
La route où va passer un Dieu !
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