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MÉDITATIONS

L’immortelle clarté dont son aile est empreinte
L’accompagne au delà de la céleste enceinte ;
Et ces rayons du ciel dont il est pénétré,
Se détachant de lui, pâlissent par degré.
Ainsi le globe ardent que l’ange des batailles
Inventa pour briser les tours et les murailles,
Sur ses ailes de feu projeté dans les airs,
Trace au sein de la nuit de sinistres éclairs :
Immobile un moment au haut de sa carrière,
Il pâlit, il retombe en perdant sa lumière ;
Tous les yeux avec lui dans les airs suspendus
Le cherchent dans l’espace, et ne le trouvent plus.

. . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . .


C’était l’heure où la Nuit, de ses paisibles mains,
Répand le doux sommeil, ce nectar des humains.
Le fleuve, déroulant ses vagues fugitives,
Réfléchissait les feux allumés sur ses rives,
Ces feux abandonnés, dont les débris mouvants
Pâlissaient, renaissaient, mouraient au gré des vents ;
D’une antique forêt le ténébreux ombrage
Couvrait au loin la plaine et bordait le rivage :
Là, sous l’abri sacré du chêne aimé des Francs,
Clovis avait planté ses pavillons errants.
Les vents par intervalle agitant les armures,
En tiraient dans la nuit de belliqueux murmures ;
L’astre aux rayons d’argent, se levant dans les cieux,
Répandait sur le camp son jour mystérieux,
Et, se réfléchissant sur l’acier des trophées,
Jetait dans la forêt des lueurs étouffées :
Tels brillent dans la nuit, à travers les rameaux,
Les feux tremblants du ciel réfléchis dans les eaux.