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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 1.djvu/470

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MÉDITATIONS


Viens guider mes pas vers la tombe
Où ton rayon s’est abaissé.
Où chaque soir mon genou tombe
Sur un saint nom presque effacé.
Mais quoi ! la pierre le repousse !…
J’entends… oui, des pas sur la mousse !
Un léger souffle a murmuré ;
Mon œil se trouble, je chancelle.
Non, non, ce n’est plus toi, c’est elle
Dont le regard m’a pénétré.

Est-ce bien toi, toi qui t’inclines
Sur celui qui fut ton amant ?
Parle : que tes lèvres divines
Prononcent un mot seulement ;
Ce mot que murmurait ta bouche
Quand, planant sur ta sombre couche,
La mort interrompit ta voix.
Sa bouche commence… Ah ! j’achève :
Oui, c’est toi ; ce n’est point un rêve :
Anges du ciel, je la revois !…

Ainsi donc l’ardente prière
Perce le ciel et les enfers ;
Ton âme a franchi la barrière
Qui sépare deux univers.
Béni soit le Dieu qui l’envoie !
Sa grâce a permis que je voie
Ce que mes yeux cherchaient toujours.
Que veux-tu ? faut-il que je meure ?
Tiens, je te donne pour cette heure
Toutes les heures de mes jours.