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MÉDITATIONS


Au bruit des flots et des cordages,
Aux feux livides des éclairs,
Tu jetais des accords sauvages,
Et, comme l’oiseau des orages,
Tu rasais l’écume des mers.

Celle dont le regard m’enchaîne
À tes accents mêlait sa voix,
Et souvent ses tresses d’ébène
Frissonnaient sous ma molle haleine,
Comme tes cordes sous mes doigts.

Peut-être à moi, lyre chérie,
Tu reviendras dans l’avenir,
Quand, de songes divins suivie,
La mort approche, et que la vie
S’éloigne comme un souvenir.

Dans cette seconde jeunesse
Qu’un doux oubli rend aux humains,
Souvent l’homme, dans sa tristesse,
Sur toi se penche et te caresse,
Et tu résonnes sous ses mains.

Ce vent qui sur nos âmes passe
Souffle à l’aurore, ou souffle tard ;
Il aime à jouer avec grâce
Dans les cheveux qu’un myrte enlace,
Ou dans la barbe du vieillard.