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payés par la liste civile. (Le bruit courait que Robespierre était gagné pour s’opposer à la guerre.) Je ne dirai rien d’un comité secret qu’ils fréquentent et où on concerte les moyens d’influencer cette société. Mais je dirai qu’ils tiennent la même marche que les fauteurs de guerre civile ; je dirai que, sans le vouloir, ils font plus de mal aux patriotes que la cour. Et dans quel moment jettent-ils la division parmi nous ? dans le moment où nous avons la guerre étrangère, et où la guerre intestine nous menace… Mettons une trêve à ces débats, et reprenons l’ordre du jour, en écartant par le mépris d’odieuses et funestes dénonciations. »


XX

À ces mots, Robespierre et Guadet, également provoqués, se disputent la tribune. « Il y a quarante-huit heures que le besoin de me justifier pèse sur mon cœur, dit Guadet ; il y a seulement quelques minutes que ce besoin pèse sur l’âme de Robespierre, à moi la parole. » On la lui donne. Il se disculpe en peu de mots. « Soyez surtout en garde, dit-il en finissant et en désignant du geste Robespierre, contre ces orateurs empiriques qui ont sans cesse à la bouche les mots de liberté, de tyrannie, de conjuration, qui mêlent toujours leur propre éloge aux flagorneries qu’ils adressent au peuple ; faites justice de ces hommes ! — À l’ordre ! s’écrie Fréron, l’ami de Robespierre ; à l’ordre l’injure et le sarcasme ! » Les tribunes éclatent en applau-