de la superstition qui l’y avait enfermé ; Lareynie, prêtre-soldat ; Gonchon, Duquesnois, amis de Robespierre ; Carra, journaliste girondin ; un Italien, nommé Rotondo ; Hanriot, Sillery, Louvet, Laclos, Barbaroux, enfin, l’émissaire de Roland et de Brissot. Tels furent les principaux instigateurs de l’émeute du 20 juin.
V
Tous ces hommes se réunirent dans une maison isolée de Charenton pour délibérer, dans le silence et dans le secret de la nuit, sur le prétexte, le plan, l’heure de l’insurrection. Les passions étaient diverses, l’impatience était la même. Ceux-ci voulaient effrayer, ceux-là voulaient frapper, tous voulaient agir. Une fois le peuple lancé, il s’arrêterait où voudrait la destinée. Pas de scrupules dans une réunion présidée par Danton. Les discours étaient superflus là où il n’y avait qu’une seule âme. Des propos suffisaient. On s’entendait du regard. Les mains serrées par les mains, des regards d’intelligence, des gestes significatifs, sont toute l’éloquence des hommes d’action. En deux mots Danton indiqua le but, Santerre les moyens, Marat l’atroce énergie, Camille Desmoulins la gaieté cynique du mouvement projeté, tous la résolution d’y pousser le peuple. La carte révolutionnaire de Paris fut dépliée sur la table. Le doigt de Danton y traça les sources, les affluents, le cours, le point de jonction des rassemblements.