par les cheveux sur le quai de la Ferraille, les avait jetées au peuple pour en faire des enseignes de carnage et des incitations à de nouveaux meurtres.
Un jeune homme blond, en costume élégant, au geste terrible, ne cessait d’assaillir les grenadiers et se déchirait les doigts sur leurs baïonnettes pour les écarter et se faire jour. « Sire, Sire ! s’écriait-il, je vous somme, au nom de cent mille âmes qui m’entourent, de sanctionner le décret contre les prêtres ! cela ou la mort ! »
D’autres hommes du peuple, quoique armés de sabres nus, d’épées, de pistolets, de piques, ne faisaient aucun geste menaçant et réprimaient les attentats à la vie du roi. On distinguait même quelques signes de respect et de douleur sur la physionomie du plus grand nombre. Dans cette revue de la Révolution, le peuple se montrait terrible, mais il ne se confondait pas avec les assassins. Un certain ordre commençait à s’établir dans les escaliers et dans les salles ; la foule, pressée par la foule, après avoir contemplé le roi et jeté ses menaces dans son oreille, s’engouffrait dans les autres appartements et parcourait en triomphe ce « palais du despotisme. »
Le boucher Legendre chassait devant lui, pour se faire place, ces hordes de femmes et d’enfants accoutumés à trembler à sa voix. Il fait signe qu’il veut parler. Le silence s’établit. Les gardes nationaux s’entr’ouvrent pour le laisser interpeller le roi. « Monsieur…, » lui dit-il d’une voix tonnante ; le roi, à ce mot, qui est une déchéance, fait un mouvement de dignité offensée. « Oui, monsieur, reprend Legendre en appuyant plus fortement sur le mot, écoutez-nous ; vous êtes fait pour nous écouter ! Vous êtes un perfide ! vous nous avez toujours trompés ! vous nous trompez