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les représentations de M. de La Luzerne, ministre de France à Londres, celles de M. de Boinville, aide de camp de La Fayette, et enfin sa propre prévoyance, avaient prévalu sur les incitations de Laclos. On en trouve la preuve dans ce billet de M. de La Luzerne, trouvé dans l’armoire de fer parmi les secrets papiers du roi. « J’atteste, dit M. de La Luzerne, que j’ai présenté à M. le duc d’Orléans M. de Boinville, aide de camp de M. de La Fayette ; que M. de Boinville a déclaré au duc d’Orléans qu’on était très-inquiet des troubles que pourraient exciter en ce moment dans Paris des malintentionnés qui ne manqueraient pas de se servir de son nom pour troubler la capitale, et peut-être le royaume, et qu’on le conjurait, par ce motif, de retarder l’époque de son retour. M. le duc d’Orléans, ne voulant en aucune manière donner lieu ou prétexte à ce que la tranquillité fût troublée, a consenti à différer son départ. »


X

Il partit enfin, et fit d’inutiles démarches à son retour pour être employé dans la marine. C’est dans ces dispositions flottantes d’esprit que M. Bertrand de Molleville lui adressa, de la part du roi, sa nomination au grade d’amiral. Le duc d’Orléans alla remercier le ministre. Il ajouta qu’il était heureux de la grâce que le roi lui accordait, parce qu’elle lui fournirait l’occasion de faire connaître à ce prince ses sentiments odieusement calomniés. « Je suis bien malheu-