dans les caves de la rue Saint-Florentin, de la rue Royale, et surtout dans l’hôtel de l’ambassadeur de Venise, Pisani, qui brava la mort pour sauver la vie à des inconnus. Quelques autres s’emparèrent d’une pièce de canon gardée par un faible détachement, auprès du pont Louis XV, et voulurent s’en servir pour protéger leur retraite. Une charge de gendarmerie la leur enleva et les refoula dans la Seine. M. de Villers, récemment sorti de ce corps dont il était major, croyant que cette gendarmerie venait à son secours, s’élança au-devant de ses anciens camarades. « À nous, mes amis ! » leur cria-t-il. À ces mots, un des officiers de cet escadron, qui le reconnut, tira froidement un de ses pistolets de sa fonte et lui cassa la tête à bout portant. Les autres l’achevèrent à coups de sabre.
La retraite des faibles restes de ces défenseurs du château ne fut qu’une suite de hasards individuels. Ceux-ci, jetant leurs armes et dépouillant toute apparence militaire, se perdaient dans la masse des spectateurs du combat ; ceux-là se firent jour, le pistolet à la main, jusqu’au bord de l’eau, s’emparèrent de bateaux abandonnés, et, traversant la Seine, se jetèrent dans les bois d’Issy et de Meudon. Ils durent la vie à l’hospitalité désintéressée de pauvres villageois étrangers aux discordes civiles. L’hospitalité est la charité du pauvre. Les autres, divisés par petits groupes, s’enfoncèrent dans les rues latérales des Champs-Élysées, ou franchirent les palissades et les murs des jardins.