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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/180

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de la Révolution battait dans le cœur de cette armée, et le génie de la guerre inspirait l’âme de Dumouriez.


XII

Inquiet sur la position de Kellermann, Dumouriez, à cheval dès le point du jour, visitait sa ligne, échelonnait ses corps entre Sainte-Menehould et Gizaucourt, et galopait vers Valmy pour mieux juger par lui-même des intentions du duc de Brunswick et du point où les Prussiens concentreraient leur effort. Il y trouva Kellermann donnant ses derniers ordres aux généraux qui à sa gauche et à sa droite allaient avoir la responsabilité de la journée. L’un était le général Valence, l’autre était le duc de Chartres.

Valence, attaché à la maison d’Orléans, avait épousé la fille de madame de Genlis. Député de la noblesse aux états généraux, il avait servi de ses opinions la cause de la liberté. Depuis la guerre, il la servait de son sang. D’abord colonel de dragons, jeune, actif, gracieux comme un aristocrate, patriote comme un citoyen, brave comme un soldat, il maniait la cavalerie avec audace, et avait commandé l’avant-garde de Luckner à Courtrai. Son coup d’œil militaire, ses études, l’aplomb de son esprit, le rendaient capable de commander en chef un corps d’armée. On pouvait lui confier le salut d’une position.

Le duc de Chartres était le fils aîné du duc d’Orléans. Né dans le berceau même de la liberté, nourri de patrio-