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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/213

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ou pour la république, ou pour lui-même ! Rétablirait-il Louis XVI sur un trône constitutionnel ? Élèverait-il une dynastie nouvelle, émanée du sein de la Révolution, dans la personne de ce jeune duc de Chartres, fils du duc d’Orléans, qui venait de lui apparaître au milieu du feu de Valmy comme dans une auréole d’avenir ? Abandonnerait-il la France à ses convulsions et se créerait-il lui-même une puissance indépendante dans ces provinces belges arrachées par lui à l’oppression autrichienne et aux spoliations de la France ? Il était incertain du parti qu’il prendrait, prêt seulement à se décider pour celui qui lui présenterait le mieux sa fortune. Mais avant tout il lui fallait conquérir la Belgique. Il laissa ses lieutenants suivre lentement l’armée prussienne, qui se retirait en semant ses campements et ses routes des traces de la maladie et de la mortalité qui la décimaient, et il revint triompher à Paris.


IX

Le soir de son arrivée à Paris, Dumouriez se jeta dans les bras de Danton, malgré le sang du 2 septembre dont ce ministre était couvert. Ces deux hommes se sentaient nécessaires l’un à l’autre, ils se jurèrent alliance. Danton complétait Dumouriez ; Dumouriez complétait Danton. L’un répondait de l’armée, l’autre répondait du peuple. À eux deux ils se sentaient maîtres de la Révolution.

Vers ce temps le duc de Chartres, depuis roi des Fran-