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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/220

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Tout signe distinctif de la dignité du président fut écarté.

« Notre mission est grande et sublime, dit Couthon, assis à côté de Robespierre. Je ne crains pas que dans la discussion que vous allez établir on ose reparler de la royauté. Mais ce n’est pas la royauté seule qu’il importe d’écarter de notre constitution, c’est toute espèce de puissance individuelle qui tendrait à restreindre les droits du peuple. On a parlé de triumvirat, de protectorat, de dictature ; on répand dans le public qu’il se forme un parti dans la Convention pour l’une ou l’autre de ces institutions. Déjouons ces vains projets, s’ils existent, en jurant tous la souveraineté entière et directe du peuple. Vouons une égale exécration à la royauté, à la dictature, au triumvirat. » Ces mots tombaient sur Danton et révélaient les premiers ombrages de Robespierre. Danton les comprit et ne tarda pas à y répondre par une abdication qui, en le déchargeant du pouvoir exécutif, le replongeait dans son élément.


II

D’une part, il était déjà las de ce règne de six semaines, pendant lesquelles il avait donné à la France les convulsions de son caractère ; de l’autre, il voulait s’éloigner du pouvoir un moment, pour voir se dérouler les nouveaux hommes, les nouveaux événements, les nouveaux partis ; enfin (tant les circonstances domestiques ont d’empire secret sur les hommes publics !) sa femme, mourante d’une maladie