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publique est le dernier mot de la Révolution, comme le dernier effort de la nationalité. Il faut l’accepter et la défendre, ou vivre de la mort honteuse des peuples qui livrent leurs foyers et leurs dieux, pour rançon de leur vie, à leurs ennemis. »

Telles étaient les réflexions que la raison et la passion tour à tour, le passé et le présent de la France suggéraient aux Girondins pour les décider à la république. La politique et la nécessité leur imposaient alors ce mode de gouvernement. Ils l’acceptèrent.


VII

Seulement les Girondins redoutaient déjà que cette république ne tombât dans les mains d’une démagogie furieuse et insensée. Le 10 août et le 2 septembre les consternaient. Ils voulaient donner quelques jours à la réflexion et à la réaction de l’Assemblée et de l’opinion contre ces excès populaires. Hommes imbus des idées républicaines de l’antiquité, où la liberté des citoyens supposait l’esclavage des masses et où les républiques n’étaient que de nombreuses aristocraties, ils comprenaient mal le génie chrétien des républiques démocratiques de l’avenir. Ils voulaient la république à condition de la gouverner seuls, dans les idées et dans les intérêts de la classe moyenne et lettrée à laquelle ils appartenaient. Ils se proposaient de faire une constitution républicaine à l’image de cette seule classe devant