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laquelle venaient de s’évanouir la royauté, l’Église et l’aristocratie. Sous le nom de république ils sous-entendaient le règne des lumières, des vertus, de la propriété, des talents, dont leur classe avait désormais le privilége. Ils rêvaient d’imposer des conditions, des garanties, des exclusions, des indignités dans les conditions électorales, dans les droits civiques, dans l’exercice des fonctions publiques, qui élargiraient sans doute les limites de la capacité au gouvernement, mais qui laisseraient en dehors la masse faible, ignorante, indigente ou mercenaire du peuple. La constitution devant corriger, selon eux, ce que la république avait de populaire et d’orageux, ils séparaient dans leurs pensées la plèbe de la nation. En servant l’une, ils comptaient se prémunir contre l’autre. Ils ne se résignaient pas à forger de leurs propres mains, dans une constitution soudaine, irréfléchie et téméraire, la hache sous laquelle leurs têtes n’auraient qu’à s’incliner et à tomber. Nombreux et éloquents dans la Convention, ils se fiaient à leur ascendant.


VIII

Mais cet ascendant, qui prédominait encore dans les départements et dans l’Assemblée, avait pâli depuis deux mois dans Paris devant l’audace de la commune, devant la dictature de Danton, devant la démagogie de Marat et surtout devant l’ascendant de Robespierre. La commune avait