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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/386

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IV

À son arrivée au Temple, le roi fut remis par Pétion à la surveillance des municipaux et à la garde de Santerre. Le procureur-syndic de la municipalité, Manuel, homme susceptible d’attendrissement comme d’exaltation révolutionnaire, accompagna le roi. On voyait à son attitude que la pitié l’avait déjà saisi, et que son respect intérieur pour la grandeur déchue luttait en lui contre l’austérité officielle de son langage. Son front baissé, sa rougeur, trahissaient la honte secrète qu’il éprouvait d’écrouer ce roi, cette reine, ces enfants, cette princesse, dans une demeure si différente du palais qu’ils venaient de quitter. Une certaine hésitation donnait de l’incertitude au rôle de Santerre, de Manuel et des municipaux chargés d’installer la famille royale au Temple. Cette installation ressemblait à une exécution. Les magistrats du peuple étaient aussi troublés que les captifs. Les canonniers des sections, qui avaient servi d’escorte à la voiture du roi et en qui les souvenirs du 10 août, l’ivresse du triomphe, les cris et les gestes du peuple sur la route avaient étouffé tout respect, voulaient enfermer le roi dans la petite tour et le reste de la famille dans le palais. Pétion rappela ces hommes à l’humanité. La famille royale fut déposée tout entière dans le château. Les concierges l’y reçurent silencieux et mornes, et firent avec un zèle hâtif toutes les dispositions pour un long séjour.