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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/387

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Le roi ne doutait pas que ce ne fût la résidence que la nation lui assignait jusqu’au dénoûment de sa destinée. Il n’y entrait pas sans cette sorte de joie intérieure qui fait trouver à l’homme ballotté par le mouvement et fatigué d’incertitude un bonheur dans l’immobilité sur l’écueil même où il s’est brisé. S’il ne croyait pas à la sûreté, il croyait du moins à la paix dans ce séjour. Il se hâta d’en prendre possession et d’y conformer par la pensée les habitudes de sa vie. Il mesura de l’œil les jardins pour les promenades de ses enfants et pour l’exercice quotidien dont sa forte nature et ses goûts de chasseur lui imposaient à lui-même le besoin. Il se fit ouvrir les appartements, examina le linge, les meubles, choisit les pièces, marqua la chambre de la reine, la sienne, celle des enfants, celle de sa sœur, de la princesse de Lamballe et des personnes que leur tendresse ou leur fidélité attachaient à ses pas jusque dans cet asile.


V

On servit le repas du soir à la famille royale. Le roi soupa avec une apparence visible de détente d’esprit et de sérénité. Manuel et les municipaux assistèrent debout au souper. Le jeune Dauphin s’étant endormi sur les genoux de sa mère, le roi ordonna de l’emporter. On se disposait à coucher l’enfant, quand un ordre de la commune, provoqué non par Manuel et Pétion, mais par une dénoncia-