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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/402

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deux mansardes et laissaient lire un mot tendre, un présage heureux, une espérance, un respect.

Des gestes contenus, mais plus intelligibles, répondaient d’en bas. Une ou deux fois le roi et les princesses crurent avoir reconnu parmi ces visages les traits d’amis dévoués, d’anciens ministres, de femmes de haut rang attachées à la cour, et dont l’existence était devenue incertaine pour eux. Cette intelligence mystérieuse, établie ainsi entre la prison et la partie de la nation restée fidèle au malheur, était si douce aux captifs qu’elle leur fit braver pour en jouir tous les jours la pluie, le froid, le soleil et les insultes plus intolérables des canonniers de garde. Le fil de leur existence proscrite leur semblait ainsi se renouer avec l’âme de leurs anciens sujets. Ils se sentaient en communication avec quelques cœurs, et l’air extérieur, imprégné d’attachement pour eux, leur apportait du moins du dehors cette pitié qu’on leur refusait au dedans. Ils montaient sur la plateforme ; ils se présentaient souvent aux fenêtres de la tour. Ils formaient des intimités à distance, des amitiés anonymes. La reine et sa sœur se disaient entre elles : « Telle maison nous est dévouée, tel étage est à nous. Telle chambre est royaliste, telle fenêtre est amie. »


XIII

Mais si quelque joie leur venait du dehors, la tristesse et la terreur leur arrivaient aussi par le retentissement des