ces ennemis publics de tout homme de bien ? Ce sont ceux qui sous l’Assemblée constituante ont sacrifié à la cour les droits et les intérêts du peuple, les Camus, les Grégoire, les Roland, les Sieyès, les Buzot ; ce sont ceux qui, dans l’Assemblée législative, ont conspiré avec le pouvoir exécutif et fait déclarer une guerre désastreuse de concert avec Narbonne, La Fayette et Dumouriez ; ce sont ceux qui demandent le démembrement de la France et la translation de l’Assemblée nationale à Rouen : je parle des Lasource, des Lacroix, des Fauchet, des Gensonné, des Vergniaud, des Brissot, des Kersaint, des Barbaroux, des Guadet, ces vils mannequins conventionnels de Roland ! Et l’on me reproche de m’être soustrait aux poignards des assassins aux gages de ces hommes en me réfugiant dans mon souterrain ! Quand ma mort pourra cimenter le bonheur du peuple, on verra si je pâlis. »
Marat ne tarda pas en effet à reparaître escorté d’hommes du peuple armés de sabres et de bâtons, et suivi par des groupes d’enfants et de femmes en haillons. Il parut dans ce cortége à la porte de la Convention. « Et l’on m’accuse, écrivait-il le lendemain, de prêcher le meurtre et l’assassinat ! moi qui n’ai jamais demandé quelques gouttes de sang impur que pour préserver des flots du sang innocent ! C’est le pur amour de l’humanité qui m’a fait voiler quelques moments ma sensibilité pour crier mort à ces ennemis du genre humain. Cœurs sensibles et justes ! c’est à vous que j’en appelle contre les calomnies de ces hommes de glace, qui verraient sans s’émouvoir immoler la nation pour une poignée de scélérats ! C’est sur le quai des Théatins, à l’ancien hôtel de Labriffe, dont le nom a été effacé, que se rassemblent journellement ces meneurs,