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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/468

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clave ; oubliant qu’il n’était qu’un homme obligé de consulter dans ses jugements non-seulement les lois écrites, mais encore les lois non écrites de la miséricorde et de l’équité, il posa face à face le salut de la république et la vie d’un roi, et il décida de sa pleine science que la mort de ce roi était nécessaire à ce peuple. Robespierre du moins écarta de ce meurtre d’État l’hypocrisie des formes ordinaires d’un procès. Il condamna Louis XVI comme s’il eût été le juge suprême, et il l’exécuta comme si Louis XVI n’eût été qu’un principe. C’est cette audace qui séduisit tant d’esprits depuis, et qui fit oublier aux admirateurs de Robespierre que dans ce principe il y avait un roi, que dans ce roi il y avait un homme, et que dans cet homme il y avait la vie, la vie que la société n’a le droit d’enlever à personne pour le crime de sa situation, mais pour le crime de sa main et de sa volonté.

« On vous entraîne hors de la question, il n’y a point de procès ici ! dit-il. Louis n’est point accusé, vous n’êtes point des juges ; vous n’avez point une sentence à rendre pour ou contre un homme, mais une mesure de salut public à prendre, un acte de providence nationale à exercer ! (On applaudit.) Quel est le parti que la saine politique prescrit pour cimenter la république naissante ? C’est de graver profondément dans les cœurs le mépris de la royauté, et de frapper de stupeur tous les partisans du roi. Donc, présenter à l’univers son crime comme un problème, sa cause comme un objet de la discussion la plus imposante, la plus religieuse qui fut jamais, mettre une distance incommensurable entre le souvenir de ce qu’il fut et le titre de citoyen, c’est précisément trouver le moyen de le rendre plus dangereux à la liberté. Louis XVI fut roi, et la