Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/473

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Ruhl reprit la lecture de son rapport sur les papiers trouvés dans l’armoire de fer. Une des pièces de cette correspondance contenait une consultation secrète du roi aux évêques de France, pour leur demander s’il pouvait s’approcher des sacrements aux fêtes commémoratives de la mort et de la résurrection du Christ. « J’ai accepté, leur disait-il, la funeste constitution civile du clergé. J’ai toujours regardé cette acceptation comme forcée, fermement résolu, si je viens à recouvrer ma puissance, à rétablir le culte catholique. » Les évêques lui répondirent par une admonition sévère et par l’interdiction des pratiques saintes jusqu’à ce qu’il se fût lavé par beaucoup de réparations méritoires du crime d’avoir concouru à la Révolution. On demanda que les cendres de Mirabeau, convaincu de vénalité par ces mêmes pièces, fussent retirées du Panthéon. « Mettez, si vous voulez, sa mémoire en arrestation, dit Manuel, mais ne la condamnez pas sans l’entendre. » Camille Desmoulins interpella Pétion et le somma de déclarer pourquoi, comme maire de Paris, il n’avait pas assisté au convoi funèbre de Mirabeau. « J’ai toujours été convaincu, répondit Pétion, que Mirabeau joignait à de grands talents une profonde immoralité. Je crois que, lorsque La Fayette trompait le peuple, Mirabeau avait des relations coupables avec la cour. Je crois qu’il a reçu de Talon une somme de quarante-huit mille livres. Mais quelques indices et quelque persuasion que j’aie de ces faits, je n’en ai pas les preuves. On a vu un plan de Mirabeau pour faire retirer le roi à Rouen. Il est certain qu’il allait souvent à Saint-Cloud et qu’il y avait des conférences secrètes. C’est par ces motifs que je n’assistai pas aux honneurs qu’on rendait à son cercueil. »