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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/48

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laisserait en arrière les indécis. Dumouriez déplorait le malheur du roi ; mais en refusant le serment à la nation, il se perdait sans sauver Louis XVI. D’ailleurs, quelle que fût la forme du gouvernement, il y aurait toujours une patrie ! Sauver la patrie était la seule politique qui convînt dans un pareil moment à un soldat. Le champ de bataille était le chemin de la puissance. Pendant que les autres généraux contestaient avec la nécessité ou tentaient d’impuissantes résistances, Dumouriez, enfermé dans son camp de Maulde près de Valenciennes, désobéit hardiment à Dillon, refusa de faire prêter à son camp l’ancien serment à la royauté, et se déclara aux ordres de l’événement. Une correspondance secrète s’établit à l’instant entre Servan, Roland, Clavière, ses anciens collègues, et ce général. Les Girondins se félicitèrent d’avoir une tête et un bras à eux. D’un autre côté, les Jacobins nouèrent avec Dumouriez des rapports que le hasard avait fait naître, et dont l’habileté du général tirait parti pour sa fortune.


VI

Le jeune Couthon, ami de Robespierre et député de l’Auvergne à l’Assemblée législative, prenait en ce moment les bains de Saint-Amand. Saint-Amand était aux portes de Valenciennes, dans le voisinage du camp de Dumouriez. Le général et le député s’étaient rencontrés et souvent entretenus. Cet homme avait l’auréole de ses pressentiments.