Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/56

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tance de Verdun était nécessaire au moins quelques jours à l’exécution de son plan et au déploiement de ses troupes, dans les différentes positions qu’il voulait occuper dans l’Argonne, il fit partir le général Galbaud avec un renfort de trois mille hommes pour se jeter dans cette place et en prolonger le plus longtemps possible la défense. Ces dispositions prises, il étudia de plus près le terrain sur lequel il allait établir l’armée française, l’importance des différents postes qu’elle aurait à couvrir, et les moyens de la faire arriver avant les coalisés dans des défilés dont l’ennemi, plus fort en nombre, était plus rapproché que lui. Le plus grand secret lui était nécessaire. Sa pensée soupçonnée était une pensée avortée. Un indice le perdait.


IX

La forêt d’Argonne a quinze lieues de long de Sedan à Sainte-Menehould ; sa largeur, inégale, varie de deux à quatre lieues. Elle court sur un sol montueux, entrecoupé de rivières, d’étangs, de ruisseaux, de marais, de fondrières, qui, joignant leurs obstacles aux obstacles de la forêt même, en font une barrière impénétrable à la marche d’une armée. Cette forêt sépare les riches provinces des Trois-Évêchés des plaines stériles de la Champagne. Les bords de la forêt, sur ces deux revers, déclinent en pentes arrosées et vertes, où des pâturages et des terres labourables ont aggloméré des fermes, des hameaux. C’est un