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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/57

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long bras des Ardennes tendu au milieu des plaines de la Champagne.

On ne peut traverser cette forêt que par cinq grandes clairières que la configuration naturelle du sol, le lit des eaux, les défrichements, la ligne des routes, ont tracées et aplanies dans son épaisseur. Ces cinq passages occupés, fortifiés et défendus, la France centrale est couverte. Le premier de ces défilés et le plus rapproché de Sedan est celui du Chêne-le-Populeux ; large et sans obstacle naturel, il livre passage à la route de Rethel à Sedan.

Le second se nomme la Croix-au-Bois ; ce n’est qu’un chemin creux pour les bûcherons. Le troisième est le défilé de Grandpré, placé au centre de la forêt. La nature a disposé ce débouché pour le camp d’une armée défensive ; un amphithéâtre placé entre deux rivières qui le couvrent, bordé par la forêt qui protége ses flancs, descend en pente rapide du côté de l’ennemi, et donne aux troupes établies dans cette position la supériorité du niveau, la sécurité de leurs ailes et un glacis naturel au rempart qu’elles couronnent de leur feu ; la route de Stenay à Reims le perce. Le quatrième est le défilé de la Chalade, qui met en communication la ville de Varennes et celle de Sainte-Menehould. Enfin le cinquième, ou le défilé des Islettes, s’ouvre à la grande route de Verdun à Paris ; au delà des Islettes, la forêt, en s’abaissant, va mourir dans le village de Passavant et dans les plaines qui s’étendent sans ondulations jusqu’à Bar.