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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/61

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XI

Il était temps. Longwy venait d’être pris en deux jours. Verdun était compromis. Les armées du roi de Prusse et celles de l’empereur, longtemps contenues dans l’inaction par l’indécision de leur généralissime, allaient recevoir de leur impatience et du 10 août une impulsion que leur chef se refusait à leur donner.

Le duc de Brunswick, depuis l’ouverture de cette guerre, avait pour système la temporisation ; mais, en ralentissant l’attaque, il donnait à la défense le temps de se reconnaître. La guerre offensive ne doit pas accorder de temps, la guerre défensive doit le disputer heure par heure ; car le temps, qui use les forces des armées d’invasion, est le premier auxiliaire des guerres nationales. Le duc de Brunswick, accoutumé aux manœuvres savantes et étudiées de la stratégie allemande, procédait avec la circonspection et avec la lenteur d’un joueur d’échecs. C’était le métier contre l’enthousiasme. Le métier devait être vaincu.

Ces lenteurs d’ailleurs étaient favorisées par les négociations qui se croisaient au quartier général des coalisés. On a vu qu’à la conférence de Coblentz entre l’empereur et le roi de Prusse, il avait été convenu que les émigrés français ne seraient pas réunis aux armées d’opération, de peur d’irriter la France contre le joug qu’une noblesse impopulaire aurait l’air de lui rapporter les armes à la main. Le