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Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 11.djvu/79

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XIX

Quant à Pétion, objet du culte platonique des commissaires de la nouvelle commune, qui l’appelaient le Père de la patrie, il ne parut que de temps en temps à la barre de l’Assemblée, pour justifier d’une voix complaisante les usurpations de ce corps insurrectionnel. Le sourire de béatitude qui reposait toujours sur ses lèvres déguisait mal les amertumes dont on l’abreuvait à la mairie. Il était l’otage du peuple à l’hôtel de ville. Le vrai maire maintenant, c’était Danton. Danton, sans cesse présent aux délibérations de ce corps municipal en permanence, négligeait l’Assemblée pour la commune, avec laquelle il concertait toutes les mesures du gouvernement ; il était son pouvoir exécutif. Pour lui donner la direction, l’unité, le secret nécessaires à une réunion d’hommes d’action, et pour faire prévaloir, en séance générale, les résolutions prises entre lui et ses affidés, il avait, de concert avec Marat, divisé le conseil municipal en comités distincts. Ces comités délibéraient et agissaient isolément. Ils furent le type de ceux qui concentrèrent plus tard le gouvernement dans la Convention. Le comité souverain était celui de surveillance générale. Composé d’un petit nombre d’hommes successivement choisis et épurés par Marat et par Danton, il faisait plier tous les autres comités. Il s’attribuait tous les pouvoirs, il devançait tous les décrets de l’Assemblée ; il citait à sa barre les ci-