V
Les nouvelles désastreuses des frontières, les enrôlements patriotiques sur des tréteaux dressés dans les principaux carrefours de Paris, les promenades des volontaires au son du tambour, aux refrains de la Marseillaise et du Ça ira ; le drapeau noir, signe d’une guerre funèbre, déployé sur l’hôtel de ville et sur les tours de la cathédrale ; les feuilles de Marat, d’Hébert, écrites avec du sang ; les journaux affichés comme des exclamations anonymes faisant parler les murs, et groupant le peuple pour les entendre lire en attroupements tumultueux ; le tocsin sonnant dans les tours et accélérant le pouls d’une ville immense ; enfin le canon d’alarme tiré d’heure en heure : tout avait été calculé pour souffler la fièvre à la ville. Ce plan de massacre était combiné comme un plan de campagne. Les hasards mêmes en étaient prévus et concertés.
VI
Le dimanche 2 septembre, à trois heures après midi, lorsque le peuple se lève de son repas et encombre les rues