Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/12

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sainte adoration. Dans ma conviction, tout ce vain mouvement d’hommes et de choses ne cache que ce grand mouvement organique de l’homme vers une connaissance plus complète de son Créateur et vers un culte plus spiritualisé. Tout autre mouvement est sans but ; car rien hors de Dieu ne peut être son but à soi-même. S’il en était autrement, ce monde serait un drame sans moralité et sans dénoûment, indigné de son auteur, indigne même de l’homme. Si je ne pensais pas ainsi, j’aurais en mépris ce monde et moi-même, et j’étoufferais en gémissant ce flambeau sinistre de la raison, qui n’aurait été allumé en nous que pour éclairer le gouffre sans fond du néant. Mais cela ne se peut pas ; car alors qui l’aurait allumé, ce flambeau ? Non pas apparemment les ténèbres éternelles. Une étincelle prouve le jour. Pénétré instinctivement de ces vérités qui ont pour mon intelligence l’évidence que le soleil a pour mes yeux, tout se rapporte à Dieu de ce que je contemple dans la nature comme de ce que j’étudie dans la marche historique de l’humanité. Les luttes d’idées, les vicissitudes d’événements, les renversements d’institutions, les changements de routes ou de formes, ce labeur incessant et tumultueux des nations, les convulsions les plus énergiques comme les progrès les plus lents de la végétation humaine, n’ont de sens à mes yeux que celui-là et n’en peuvent avoir d’autre. Les faits cachent toujours une idée. Or, pressez le monde, il n’en contient qu’une, Dieu et toujours Dieu. Tout ce bruit que nous entendons sur la terre et qui s’appelle travail, pensée, parole, gloire, liberté, égalité, révolutions, élevons-nous plus haut, nous ne discernerons plus qu’un cantique de la terre qui cherche à balbutier plus dignement le nom éternel. Je l’ai dit, je le répète : toute civilisation se