Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/124

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Non : l’enfant du foyer va les chercher au loin,
Sur le duvet des bois les rassemble avec soin,
Et la mère, le soir, qui revient et les trouve,
Sous son cœur qui s’échauffe avec amour les couve ;
Et bientôt les poussins s’étant multipliés
Se répandent dans l’herbe et gloussent sous nos piés. »

Le vieillard et Selma comprenaient ce langage,
Où le désir voilé ne parlait qu’en image ;
Et quand ils le voulaient eux-mêmes répéter,
Par caprice, l’enfant refusait d’écouter ;
Ou bien, plissant sa lèvre en relevant l’épaule,
Allait au bord de l’eau pleurer au pied d’un saule.

Chacun des prétendants, vainement rebuté,
Essayait à son tour de fléchir sa beauté,
Et, suivant de ces jours le poétique usage,
Interrogeait son cœur dans un muet langage.
Avant de révéler leurs vœux inaperçus,
Ils parlaient quelque temps en emblèmes reçus ;
Et la vierge, muette et répondant de même,
Acceptait, refusait, suspendait en emblème.

Asgor, fils d’Abniel, choisit dans le troupeau
Le plus doré de poil des petits du chameau,
Et, le mettant la nuit parmi les jeunes bêtes
Dont la vierge au réveil devait compter les têtes,