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Fourmillait à leurs pieds de parfums, de couleurs ;
Les pas disparaissaient sous le velours des fleurs ;
Et Cédar en marchant, fendant ce vert nuage,
En écartait les flots comme un homme qui nage.
Des lianes en fleur qui s’enlaçaient aux troncs
Grimpaient de branche en branche et montaient jusqu’aux fronts,
Et retombant d’en haut en trame de verdure,
Comme un câble rompu tombe de la mâture,
À des câbles pareils noués s’entrelaçaient,
Et formaient un faux sol où les pieds enfonçaient.
À ces vastes tissus, des lianes moins grandes
S’accrochaient à leur tour pour porter leurs guirlandes.
La vigne y répandait ses pampres ; les citrons
Y dégouttaient de fleurs ; les jaunes liserons,
Resserrant du filet les mailles diaprées,
Perdaient et retrouvaient leurs grappes séparées.
Le vent y secouait le duvet des roseaux ;
Et les plumes de feu des plus rares oiseaux
Qui tombaient de la branche où leur aile s’essuie,
Parsemaient ces réseaux de leur flottante pluie ;
L’aile des papillons s’y brisait en volant ;
De la lune voilée un rayon ruisselant,
Comme à travers la mousse un filet des cascades,
Venait d’un crépuscule argenter les arcades.
Au-dessus du gazon, la trame du filet,
Comme un hamac de fleurs, au moindre vent tremblait ;
Si l’oiseau s’y posait, elle s’ébranlait toute ;
Chaque humide calice y distillait sa goutte.
Un nuage odorant d’étamines des fleurs,
D’ailes de papillons, d’insectes, de couleurs,