Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/145

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Comme d’un pré trop mûr qu’un pied de faucheur foule,
Dans l’air éblouissant s’en exhalait en foule ;
Et l’haleine des nuits à travers les rameaux
Y soufflait l’harmonie et la fraîcheur des eaux.






Cédar, en s’enfonçant sous les rives du fleuve,
Parmi tous les secrets de cette terre neuve,
Avait seul découvert, et souvent admiré
Les mystères de paix de ce lieu retiré ;
Sur ce hamac de fleurs souvent couché lui-même,
Fermant au jour ses yeux pleins de l’ombre qu’il aime,
Son âme avait rêvé que dans ce nid d’odeur
Sa colombe écoutait les paroles du cœur.
Souvent, en le cherchant sous les troncs des platanes,
L’enfant l’avait trouvé sous l’arche des lianes ;
Souvent, dans l’innocence où s’égaraient leurs jeux,
Sur ce berceau flottant d’où pendaient ses cheveux,
Voyant parmi les lis Daïdha renversée,
Au doux chant du sommeil sa main l’avait bercée,
Pendant qu’elle feignait de dormir un moment,
Puis jetait en fuyant le rire à son amant.

Je ne sais quel instinct, quelle vague pensée
Le poussait vers ce lieu dans sa fuite insensée.