Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/147

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Quand les heures pourtant, qu’oubliait leur amour,
Firent à l’horizon blanchir les bords du jour,
Que les nuages d’or au levant se groupèrent,
Que sur le fond d’azur les pics se découpèrent,
Et que l’oiseau jaloux dont l’amant hait la voix,
L’alouette, en chantant s’éleva sur les bois,
Leur cœur se resserra : l’incrédule paupière,
Comme un coup sur les yeux, repoussa la lumière.
De cet oubli de l’heure il fallut s’arracher :
Cédar de ses liens se laissa rattacher,
Daïdha de baisers couvrit cent fois ses chaînes ;
Puis se glissant furtive entre le tronc des chênes
Avant que le vieillard eût réveillé Selma,
Sous ses cheveux épars dans l’antre s’enferma.
Elle-même noua pour sa mère trompée
La tresse qu’en partant ses dents avaient coupée ;
Et, pour son jeune époux suppliant tous ses dieux,
Le revit dans son cœur en refermant les yeux.