Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/179

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Un tonnerre incessant faisait trembler la plage,
Et la tour sous ses pieds décroissait par étage :
Les cavernes de loin tremblaient du contre-coup.
Du désert à l’instant tout le peuple est debout ;
Aux premières lueurs du ciel qui se déroule,
À cet étrange bruit ils accourent en foule ;
La fronde, la massue ou la pierre à la main,
Ils volent à grands cris à la tour de la faim ;
Les uns pensent qu’un dieu, sous l’éclair et la foudre,
Démolit la prison et la réduit en poudre ;
D’autres, voyant un homme en débris la lancer,
Se consultent entre eux, hésitant d’avancer.
Auprès du monument les plus fiers se hasardent,
Du pied des murs en haut en rampant ils regardent,
Se refusent longtemps à croire, mais leurs yeux
Reconnaissent Cédar au faible jour des cieux ;
Mille cris à l’instant jaillissent, mille frondes
Font voler à l’instant le lit roulant des ondes ;
Mille flèches de bois dans les flammes durci
Sifflent ; autour de lui l’air en est obscurci ;
Mille mains, s’accrochant aux jointures des pierres,
S’efforcent d’arriver au sommet les premières,
Pour en précipiter l’esclave ravisseur
Qui vient à leur vengeance arracher une sœur.
Cédar, dont le regard replié dans son âme
Ne voit que Daïdha qui l’appelle et se pâme,
Dans son œuvre absorbé, d’abord n’aperçoit pas
Les ennemis cachés qui rampent sous ses pas.
Zebdani, le premier gravissant les murailles,
Le saisit par le corps de ses bras en tenailles,