Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/219

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Les feuillages d’or pur, taillés par le ciseau,
Frémissent à la brise et tromperaient l’oiseau ;
Des fleuves tout entiers, détournés de leur course,
Remontent sous la terre et jaillissent en source ;
De leur pluie écumante, en gerbes épandus,
Ils arrosent les fleurs des jardins suspendus ;
Élancés vers le ciel en colonnes liquides,
Ils se voûtent d’eux-même en arcades limpides ;
Miraculeux palais, dôme artificiel,
Où l’œil à travers l’eau voit ondoyer le ciel,
Où l’éclat du soleil, plus doux pour la paupière,
Des moires de la vague argente sa lumière,
Et, brisant ses rayons en mille diamants,
Enivre de fraîcheurs et d’éblouissements.
La nuit, quand des palais le phare se rallume,
Ces dômes ruisselants étincellent d’écume ;
Et du jour dans ces eaux multipliant les jeux,
Ces fleuves enflammés semblent rouler des feux.


« Dans leur palais bâti de jaspe et de porphyre,
Les élus couronnés de cc magique empire,
Sous les lois d’un tyran dont ils forment la cour,
Font trembler leurs sujets et tremblent à leur tour.
À leurs goûts dépravés par l’excès monotone,
Il n’est plus de plaisir qu’un crime n’assaisonne.
Tantôt ils font lutter, dans des combats affreux,
L’homme contre la brute et les hommes entre eux ;
Aux longs ruisseaux de sang qui coulent de la veine,
Aux palpitations des membres sur l’arène,