Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/24

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Sortait de la montagne avec des bruits étranges
Et des flots de parfums pour enivrer les anges,
L’extase suspendait le cœur silencieux,
Les étoiles d’amour se penchaient dans les cieux,
Et Celui qui connaît la colline et la plaine
Écoutait l’hosanna dont sa cime était pleine !!! »








— Mais, disais-je en mon cœur, ce vieillard inconnu
Parle comme quelqu’un qui lui-même aurait vu. »
Il lut dans mon esprit ma pensée et mon trouble :
« Oui, j’ai vu, non par moi, non par ce regard trouble,
Non par cet œil de chair, mais par l’œil de ces saints
À qui Dieu, d’ici-bas, laisse voir ses desseins,
À qui des jours futurs l’avenir dit le nombre,
Et pour qui dans sa nuit le passé n’a point d’ombre !
— Je croyais qu’ici-bas il n’en restait aucun.
— Dans ces jours ténébreux, mon fils, il en reste un,
Un seul, digne héritier de ces sacrés prophètes
Dont l’éclair du Très-Haut illuminait les têtes ;
Heureux qui peut l’entendre en ces heures où Dieu
Le rend contemporain et présent en tout lieu !
Il assiste vivant au sublime mystère,
Aux actes successifs du drame de la terre.
Mais il faut pour goûter du saint le divin fruit,
Lui porter un cœur simple et vide de tout bruit.