Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/278

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Leurs tempes oubliaient de battre, et le frisson
Sur leurs membres glacés courait avec le son.

Envolés de leur lac, ainsi lorsque deux cygnes,
Des précoces frimas voyant les premiers signes
Pour dérober leurs fruits aux durs frissons du Nord,
En traversant le ciel passent du bord au bord,
Si leur vol les conduit sur un champ de batailles
Où deux peuples armés déchirent leurs entrailles,
Sur la plaine de sang où le couple s’abat
Ils entendent mugir les vagues du combat ;
Les cris des combattants, les éclairs de la poudre,
Du cratère vivant font remonter la foudre :
Dans le lac où leurs flancs aimaient à se baigner
Leur œil avec horreur voit les vagues saigner ;
À ces globes de fer que le salpêtre allume
Jusque dans le nuage, ils roussissent leur plume,
Et, sur ces champs d’horreur qu’ils ne peuvent quitter,
Leurs ailes sans ressorts n’osent plus palpiter.