Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/284

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Aux brises sans repos d’accords mélodieux,
Un innombrable essaim de déesses, de dieux,
Les regardant tomber comme file une étoile,
Et d’un immense cri faisant trembler leur voile.


Mais avant que l’esquif, un moment suspendu,
Fût au niveau des murs de marbre descendu,
Celui qui paraissait régner sur cette foule
Fit un geste : aussitôt, comme la feuille roule
Quand le vent du midi qui vient la balayer
L’amoncelle en courant et la fait ondoyer,
Par le geste écartés, ces hommes et ces femmes,
Montrant dans leur pâleur tout l’effroi de leurs âmes,
Sans oser vers le ciel détourner un regard,
Du jardin interdit s’enfuirent au hasard.
Le roi seul, entouré par un groupe céleste
De femmes, de géants, indique par un geste
Au pilote attentif le sommet d’une tour
Dont les créneaux d’ivoire enfermaient le contour ;
Il y monte à pas lents d’étages en étages,
Et le navire enfin y descend des nuages !


Sitôt qu’il eut touché terre comme un oiseau,
La voile s’abaissa sur son mât de roseau,
Et des flancs affaissés de l’obscure nacelle,
Comme des bords penchés d’un vaisseau qui chancelle,
Les géants descendus saluèrent leur roi ;
Débarquant les captifs immobiles d’effroi.