Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/29

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Le temps n’a rien laissé de sa ruine immense
Qu’un môle renversé qui dort au fond d’une anse,
Du sable dont la lune éclairait la blancheur,
Et l’écume lavant la barque d’un pêcheur.
Que ton éternité nous frappe et nous accable,
Dieu des temps ! quand on cherche un peuple dans du sable,
Et que d’un vaste empire où l’on descend la nuit,
La rame d’une barque, hélas ! est tout le bruit !








Je laissai tous mes biens dans ma maison flottante,
Que ces flots assoupis berçaient comme une tente,
Et le vieillard et moi, d’un essor tout pareil,
Nos pas aux flancs des monts devançant le soleil,
Nous vîmes par degrés, au lever de l’aurore,
La mer derrière nous fuir et les pics éclore,
Et des sommets atteints, d’autres sommets voilés,
Fendre des firmaments par leur neige étoilés.
De là, le grand désert sous sa vapeur de braise
Brillait comme un fer chaud rougi par la fournaise ;
Et la mer et le ciel fondus à l’horizon,
Trompant en s’unissant les yeux et la raison,
Semblaient un océan circulaire et sans plages,
Où nageaient le soleil, les monts et les nuages.
Nous passâmes au pied d’un haut mamelon noir
Que couronnaient les murs d’un antique manoir,