Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/376

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Du combat des Titans l’épouvantable image
D’une secrète joie éclaira son visage.
Elle sortit soudain ; mais elle n’alla pas
Aux piéges de la nuit préparer ses appas,
Et, comme une Laïs qui se fie à ses armes,
Faire aiguiser par l’art l’aiguillon de ses charmes ;
D’un pas dissimulé, négligent et distrait,
Elle alla rencontrer Asrafiel en secret :

« Ô le plus grand des dieux ! roi des cœurs, lui dit-elle,
Je suis l’heure du trône, ou ton heure mortelle !
Nemphed cette nuit même a juré ton trépas :
Tu devais sur mon cœur le trouver dans mes bras.
L’imbécile vieillard, qui n’ose te combattre,
Par la main d’un enfant avait voulu t’abattre ;
Mais dans son piége impur lui-même il se prendra :
Oui, l’arme qu’il saisit de lui te défendra.
Lakmi, de ta beauté secrètement ravie,
T’adore, et pour sauver tes jours t’offre sa vie.
Tes jours n’ont qu’un soleil, si tu ne le préviens ;
Mets dans le crime enfin tes pas devant les siens.
Trompe ce vil forfait qu’avec peine il soulève !
Marche pendant qu’il dort ! frappe pendant qu’il rêve !
Je m’offre pour guider, pour assurer tes pas :
Sois ma vie, Asrafiel ! je serai son trépas !
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Au coup qu’il faut porter dispose tes complices.
Que leurs cœurs vigilants se sèvrent de délices.