Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/419

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Sous ses palmiers sacrés, la Mésopotamie
M’enfanta d’une race à leur race ennemie ;
Là, le nom des géants comme un crime est haï,
Là, règne seul au ciel le Dieu d’Adonaï !
Là, le lait et le miel coulent d’un sol propice,
Et du cœur des mortels l’amour et la justice ;
Là, tout homme, plantant ses tentes en tout lieu,
A son frère dans l’homme et son père dans Dieu.
Oh ! laisse-moi m’enfuir vers ces rives prospères,
Et reporter mes os aux tombes de mes pères ! »

Cédar le relevant en lui prenant la main :
« Saurais-tu de ces bords retrouver le chemin ?
Pourrais-tu vers ce ciel me guider sur ta trace ?
Parle ! oh ! parle ! dit-il, enfant d’une autre race.
Si tu sais où trouver les fils de Jéhova,
Mes pieds seront tes pieds, et tes yeux mes yeux : va !

» — Vers ces climats bénis où l’aurore a sa source,
Neuf soleils, dit Stagyr, achèveront la course.
Nous marcherons d’abord par un profond vallon,
La poitrine tournée au vent de l’aquilon.
Nous passerons bientôt les ondes de l’Euphrate ;
Nous entrerons après dans une terre ingrate
Qui n’enfanta jamais herbe ni nations,
Déserts où Dieu versa ses malédictions,
Dont les vents creusent seuls les vagues infécondes,
Où l’océan de feu déroule seul ses ondes ;