Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/420

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Là, pour ne pas mourir, sur les flancs du chameau
Le patriarche errant charge deux sources d’eau.
Après trois jours entiers, du côté de l’aurore,
La terre des palmiers commencera d’éclore.
Un fleuve indiquera les bords que nous cherchons. »
Ainsi parla Stagyr, et Cédar dit : « Marchons ! »
Détournant les regards de ce séjour d’alarmes,
Il prit sur chaque bras un des fils de ses larmes,
Appuya sur son cou la main de Daïdha,
Et suivit hors des murs l’homme, qui le guida.
A la lueur des feux sur des monceaux de cendre,
De la cité du crime on le vit redescendre,
Et, maudissant du cœur l’infâme nation,
Secouer de ses pieds l’abomination !
Il vit autour des murs errer une chamelle
Dont le petit suçait la pendante mamelle ;
Stagyr, d’un geste adroit lui passant le licou,
En chassant son petit l’emmena par le cou.
Sur les marges du puits deux outres oubliées
Pleines d’eau, par Stagyr l’une à l’autre liées,
Du fleuve qu’ils fuyaient emprisonnant les flots,
Balancèrent leur poids en liquides ballots.
Daïdha sur le dos de l’animal robuste
Tenait les deux jumeaux pressés contre son buste.
En suivant du chemin les cahots ondulants,
Leurs pieds nus du chameau battaient les rudes flancs.
Cédar, qui du regard surveillait cette charge,
Lui prêtait pour soutien son bras solide et large ;
Le désert admirait ce beau groupe ondoyant.
La main de Daïdha, sur Cédar s’appuyant,