Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/46

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Du grand monde impalpable à ce monde des corps,
Nul ne sait, ô mon fils, les merveilleux rapports ;
Mais la terre à nos pieds nous en rend témoignage :
De ce qu’on ne voit pas ce qu’on voit est l’image ;
Un ciel réfléchit l’autre, et si dans nos sillons
La poussière de vie écume en tourbillons,
S’il n’est pas un atome en la nature entière,
Un globule de l’air, un point de la matière,
Qui ne révèle l’être et la vie à nos yeux,
L’infini d’ici-bas nous dit celui des cieux ;
L’éternité sans fond n’a point de bord aride,
Et ce qui remplit tout ne connaît pas de vide !


De ces esprits divins dont sont peuplés les cieux,
Les anges étaient ceux qui nous aimaient le mieux.
Créés du même jour, enfants du même père,
Que l’homme en le nommant peut appeler mon frère ;
Mais frères plus heureux, dont la sainte amitié
De tous nos sentiments n’a pris que la pitié ;
Invisibles témoins de nos terrestres drames,
Leurs yeux ouverts sur nous pleurent avec nos âmes ;
De la vie à nos pas éclairant les chemins,
Ils nous tendent d’en haut leurs secourables mains.
C’est pour eux que sont faits ces divins phénomènes
Dont l’homme n’entrevoit que les lueurs lointaines ;
Et pour eux la nature est un saint instrument
Dont l’immense harmonie éclate à tout moment,
Et dont la claire voix et les mille merveilles
De sagesse et d’extase enivrent leurs oreilles.