Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/47

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À cette heure où du jour le bruit va s’assoupir,
Pour entendre du soir l’insensible soupir,
Quelques-uns d’eux, errant dans ces demi-ténèbres,
Étaient venus planer sur les cimes funèbres.
Des étoiles aux mers, comme pleine de sens,
La montagne n’était qu’un orgue à mille accents.
Il eût fallu Dieu même et l’oreille infinie
Pour démêler les voix de la vaste harmonie.
Les anges, le silence et la nuit écoutaient
Ce grand chœur végétal ; et les cèdres chantaient :


CHŒUR DES CÈDRES DU LIBAN.


Saint, saint, saint le Seigneur qu’adore la colline !
Derrière ces soleils, d’ici nous le voyons ;
Quand le souffle embaumé de la nuit nous incline,
Comme d’humbles roseaux sous sa main nous plions !
Mais pourquoi plions-nous ? C’est que nous le prions !
C’est qu’un intime instinct de la vertu divine
Fait frissonner nos troncs du dôme à la racine,
Comme un vent de courroux qui rougit leur narine,
Et qui ronfle dans leur poitrine,
Fait ondoyer les crins sur le cou des lions.


Glissez, glissez, brises errantes ;
Changez en cordes murmurantes