Page:Lamartine - Œuvres complètes de Lamartine, tome 16.djvu/92

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Et la vierge elle-même avec effroi fuyant,
Dans les bras de Selma s’abritait en criant.
Mais Cédar, c’est ainsi que du lieu de sa gloire
La foule avait nommé l’homme par sa victoire,
Cédar la voyant fuir et pleurer, son esprit
À ces signes d’effroi d’un coup d’œil la comprit :
Il ramassa lui-même avec dédain à terre
Les liens qu’il avait foulés dans sa colère,
Il les porta soumis aux pieds de Daïdha ;
Il abaissa le cou sous sa main, qu’il guida.
Semblable au fier lion dont l’enfant qu’il caresse
Adoucit l’œil de sang en regard de tendresse,
Il laissa sans frémir, de son corps garrotté,
Humilier la force avec la liberté,
Et suivit, humble et doux, la douce jeune fille
Qui le menait en laisse au roi de la famille.
Là, sur l’herbe accroupi, les deux mains sur son front,
La femme et le vieillard l’attachèrent au tronc
Et des vils animaux disputant la pâture,
Les glands tombés pour eux furent sa nourriture.