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Tous trois se sont éteints au terme de ta route :
L’urne éclaircira seule un si terrible doute !
Dans son sein, que la nuit dérobe à ton regard,
Tente un choix éternel, et choisis au hasard !… »
Une sueur de sang, plus froide que la tombe,
Du front pâli d’Harold à larges gouttes tombe :
Il recule, il hésite, il voit, il touche en vain :
Trois fois d’une urne à l’autre il promène sa main ;
Trois fois, doutant d’un choix que le hasard inspire,
De leurs bords incertains, tremblante, il la retire.
Enfin, bravant du sort l’arrêt mystérieux,
Il plonge jusqu’au fond, en détournant les yeux.
Déjà ses doigts, crispés par l’horreur qui les glace,
S’entr’ouvrent pour sonder le ténébreux espace,
Quand, des plis du serpent soudain enveloppé,
Il tombe… Un cri s’échappe : « Harold, tu t’es trompé ! »
Et l’écho de ce cri, que Josaphat prolonge,
L’éveillant en sursaut, chasse son dernier songe…
Il frémit ; il soulève un triste et long regard ;
Un mot fuit sur sa lèvre… Hélas ! il est trop tard !


XLIX


Il n’est plus !… il n’est plus, l’enfant de mon délire !
Il n’est plus qu’un vain son qui frémit sur ma lyre !
L’immortel pèlerin est au terme : il s’endort !
Voyez comme son front repose dans la mort !
Comme sa main ouverte, à ses côtés collée,
S’étend pour occuper le lit du mausolée !
La mort couvre ses yeux, et leur globe éclipsé,
Comme un cristal terni par un souffle glacé,