Elle met dans ses mains ce feu pur, dont la flamme,
Dans la nuit du destin, éclaire et guide l’âme :
Mais ce jour éblouit son œil épouvanté.
Harold, aux premiers pas, trébuche à sa clarté ;
Et, rendant à la nuit sa débile paupière,
Le céleste flambeau s’éteint dans la poussière.
Harold emprunte alors celui de la Raison ;
Son faible éclat colore un moins large horizon :
Il suffit cependant à ses pas qu’il assure.
Ses pieds, mieux affermis, marchent avec mesure ;
Mais des oiseaux de nuit le vol pesant et bas
Fait vaciller ses feux mourant à chaque pas ;
De l’ombre de sa main en vain il les protége ;
Leur foule ténébreuse incessamment l’assiége ;
Il pâlit, et le vent des ailes d’un oiseau
Éteint son autre espoir et son second flambeau.
Il en reste un dernier !… La clémence infinie
Laisse briller encor celui de son génie ;
Flambeau qui trop souvent brilla sans l’éclairer.
Harold, en le portant, tremble de respirer ;
Et, cachant dans son sein son expirante flamme,
La veille avec effroi, comme on veille son âme.
Cependant, près du but, son œil épouvanté
Voit baisser par degrés sa douteuse clarté ;
Sur les urnes du sort elle blanchit à peine ;
Il veut la ranimer avec sa propre haleine :
Il souffle… elle s’éteint. « Malheureux, dit la voix,
Tu reçus trois flambeaux pour éclairer ton choix ;