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AVERTISSEMENT.

même ; car elles étaient destinées, dans la pensée de l’auteur, à reproduire un grand nombre des impressions de la nature et de la vie sur l’âme humaine ; impressions variées dans leur essence, uniformes dans leur objet, puisqu’elles auraient été toutes se perdre et se reposer dans la contemplation de Dieu : sujet infini comme la nature, grand et saint comme la Divinité, les forces humaines n’y atteignent pas. Je n’en publie aujourd’hui que quatre livres : cela me semble bien peu, peut-être trouvera-t-on que c’est trop encore. S’il en est autrement, j’en publierai, par la suite, plusieurs autres livres, à mesure que les années, les lieux, les sentiments, les vicissitudes de la vie et de la pensée, me les inspireront à moi-même. Je demande grâce pour les imperfections de style dont les esprits délicats seront souvent blessés. Ce que l’on sent fortement s’écrit vite. Il n’appartient qu’au génie d’unir deux qualités qui s’excluent : la correction et l’inspiration.

Ces vers ne s’adressent qu’à un petit nombre.

Il y a des âmes méditatives que la solitude et la contemplation élèvent invinciblement vers les idées infinies, c’est-à-dire vers la religion ; toutes leurs pensées se convertissent en enthousiasme et en prière, toute leur existence est un hymne muet à la Divinité et à l’espérance. Elles cherchent en elles-mêmes, et dans la création qui les environne, des degrés pour monter à Dieu, des expressions et des images pour se révéler à elles-mêmes, pour se révéler à lui : puissé-je leur en prêter quelques-unes !

Il y a des cœurs brisés par la douleur, refoulés par le monde, qui se réfugient dans le monde de leurs pensées, dans la solitude de leur âme, pour pleurer, pour attendre ou pour adorer : puissent-ils se laisser visiter par une muse