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LA MORT

Et que les nerfs brisés de la lyre expirante
Sont foulés sous les pieds de la jeune bacchante,
Qu’est devenu le bruit de ces divins accords ?
Meurt-il avec la lyre ? et l’âme avec le corps ?… »
Les sages à ces mots, pour sonder ce mystère,
Baissant leurs fronts pensifs et regardant la terre,
Cherchaient une réponse, et ne la trouvaient pas.
Se parlant l’un à l’autre, ils murmuraient tout bas :
« Quand la lyre n’est plus, où donc est l’harmonie ?… »
Et Socrate semblait attendre son génie.





Sur l’une de ses mains appuyant son menton,
L’autre se promenait sur le front de Phédon,
Et, sur son cou d’ivoire errant à l’aventure,
Caressait, en passant, sa blonde chevelure ;
Puis, détachant du doigt un de ses longs rameaux
Qui pendaient jusqu’à terre en flexibles anneaux,
Faisait sur ses genoux flotter leurs molles ondes,
Ou dans ses doigts distraits roulait leurs tresses blondes,
Et parlait en jouant comme un vieillard divin
Qui mêle la sagesse aux coupes d’un festin.





« Amis, l’âme n’est pas l’incertaine lumière
Dont le flambeau des sens ici-bas nous éclaire :
Elle est l’œil immortel qui voit ce faible jour
Naître, grandir, baisser, renaître tour à tour,
Et qui sent hors de soi, sans en être affaiblie,
Pâlir et s’éclipser ce flambeau de la vie ;